Jean-Paul II :
un homme debout
Les cérémonies de ces derniers jours et le climat de ferveur populaire qui les a
accompagnés l’ont démontré : le Pape Jean-Paul II a exercé un magistère moral
sans précédent sur son époque. Séminariste clandestin sous le régime nazi puis
prêtre et enfin cardinal-archevêque résistant à l’occupation communiste avant de
devenir le Pape qui donnerait un visage à cette “Eglise du silence”, cet homme
savait de quoi il parlait lorsqu’il s’engageait en faveur de la dignité de
l’homme. Avec un tel passé, lorsqu’il présenta son encyclique sociale
“Centesimus Annus”, signée un 1er mai, en 1991, jour de la fête des
travailleurs, Jean-Paul II ne devait-il pas condamner unilatéralement le régime
communiste, qui venait de s’effondrer en Allemagne de l’Est et faire un vibrant
plaidoyer en faveur du capitalisme occidental ? C’est ce que les bons esprits de
l’époque voulurent prédire. Mal leur en a pris. Car si le Pape s’est montré dans
ce texte très critique à l’égard du collectivisme, il ne s’est pas privé de
dénoncer avec une égale vigueur les excès du capitalisme. Le Pape dit “oui” à
l’économie de marché mais “non” à un libéralisme qui ne serait pas au service de
la liberté humaine, “non” à un système qui réduirait l’homme à la sphère
économique.
Déjà dans “Laborem Exercens” (la première encyclique sociale de son pontificat,
1981), il avait eu des phrases très fortes qui résonnent aujourd’hui encore en
nous. Celle-ci par exemple : “la justice d’un système socio-économique doit être
appréciée d’après la manière dont on rémunère équitablement le travail humain
dans ce système.” Dix ou vingt ans après, ces analyses se montrent d’une
particulière actualité. C’est pourquoi elles continuent à nourrir l’action de
tous les hommes de bonne volonté qui, comme à la CFTC, militent pour la dignité
de l’homme au travail, pour sa liberté inaliénable dans tous les aspects de sa
vie, pour une solidarité réelle et sans faux semblants.
Jacques
Voisin Président |
Jacky
dintinger Secrétaire général |
Jean-Paul II : un combattant de la justice sociale
04/04/05 09:38
Jean-Paul II
restera dans l’histoire comme le pape qui, par son action persévérante, a
contribué à libérer les pays d’Europe centrale et orientale du joug communiste.
On se souvient notamment du soutien sans équivoque apporté au mouvement social
polonais pour construire un syndicalisme libéré de la dictature du parti unique
et au service de tous les travailleurs sans exclusive.
Tout à la fois visionnaire et ancré dans la réalité, Jean-Paul II a redonné un
second souffle à la pensée sociale chrétienne. Dès son accession au trône de
Pierre, il a rappelé avec force les principes éthiques et sociaux qui doivent
guider l’engagement des chrétiens et des syndicalistes dans la vie sociale.
« L’option préférentielle pour les pauvres » a constitué la charpente de tous
ses grands textes sociaux de L’appel de Puebla (1979) à la publication de
Centesimus annus (1991).
Pour les syndicalistes d’inspiration chrétienne, l’encyclique Laborem exercens
(1981) reste un grand texte de référence : le souverain pontife évoquait en
termes profonds et fermes le conflit capital/travail, avec la volonté de le
dépasser, avec comme perspective le bien commun. C’est dans cet esprit qu’il a
appelé les chrétiens à s’engager dans l’action syndicale en défendant la
conception d’un syndicalisme à la fois combatif et constructif refusant toute
compromission et l’impasse des idéologies matérialistes, notamment le
néo-libéralisme.
Jusqu’à son dernier souffle, Jean-Paul II a milité pour une mondialisation
centrée sur l’homme, n’hésitant pas à fustiger les grands groupes d’intérêt
capitalistes, notamment les laboratoires pharmaceutiques insensibles à la
souffrance des malades du Sida, qui sacrifient les valeurs de solidarité et de
justice sur l’autel du profit. En février 2004, il allait jusqu’à dénoncer les
dérives maffieuses de certaines meurs politiques invitant tous les chrétiens
engagés dans la vie publique à la rigueur et à la sincérité.
La CFTC continuera à militer à la lumière de son enseignement pour que les
salariés et leur famille se voient reconnaître tous leurs droits dans
l’entreprise et dans la société.
Jacques Voisin
Paris, le 2 avril 2005