Lettre CFTC de Cap Gemini
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Sommaire
les faits en bref, la position de la CFTC, paroles d'experts
Actualités
Négociations 35 h à Cap Gemini
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, voici le résumé des négociations sur les 35 heures :
Depuis, plus rien :
le DRH est parti en vacances ...
La géniale trouvaille : les pauses
Découper l’équivalent de 20 jours de RTT en rondelles de 40 minutes par jour sur 217 jours ouvrés, il fallait l’oser ! La Direction l’a fait, elle appelle ces rondelles des " temps de pause ".
Pour essayer d’atténuer cette énormité, la Direction écrit dans l’accord que ce " mode de gestion " ( ?) correspond à un usage en vigueur dans le Groupe.
... Et dire que personne ne le savait !
Sinon, imaginez ce que nous aurions fait de ces 40 minutes : on a toujours un journal à lire, ses comptes à terminer, du courrier personnel en retard, les prochaines vacances à planifier, ou simplement une petite sieste anti-stress en instance !
Bientôt, par respect du règlement, nous nous y adonnerons consciencieusement, tous téléphones débranchés et PC éteints, bien sûr : il serait dommage de gâcher de précieuses minutes généreusement offertes par la Direction !
Une belle réussite de la Direction
Qu’on le regrette ou que l’on s’en félicite, c’est ainsi : depuis longtemps, la concorde syndicale était rarissime à Cap Gemini.
Bien sûr, chaque syndicat - espérons-le - s’est toujours efforcé de traduire au mieux les aspirations des salariés et de défendre leurs intérêts collectifs.
Mais parfois, des visions différentes d’une même réalité opposent radicalement deux positions syndicales pourtant aussi sincères l’une que l’autre.
Après plusieurs décennies de ce régime, l’ambiance vient de changer brusquement, lors des récentes négociations sur les 35 heures, et surtout au moment de la présentation du projet de la Direction, le 12 juillet dernier.
Instantanément, toutes les différences de doctrine ont disparu pour faire place à une parfaite unanimité ... contre la proposition patronale.
S’il est vrai que " l’union fait la force ", la Direction vient de doter Cap Gemini d’une représentation du personnel à quoi rien ne résistera. Bravo pour cette belle réussite.
Le thème du mois :
Cap Gemini, qui tient à son image de leader, est voué au " zapping managérial ", c’est-à-dire à suivre les modes successives de management à l’américaine.
Nous avons donc le culte de " l’excellence ", au service d’un " projet d’entreprise " lui-même appuyé sur une " culture d’entreprise ", nous sommes gérés par un " gouvernement d’entreprise " et pratiquons le " management en réseau ", sans parler des benchmarking, reengineering, outsourcing, etc.
Mais sous les discours modernistes, les réflexes archaïques des managers ont la vie dure : blocage de l’information, peur de dire la vérité, crispation instinctive face aux syndicats (dont ils ignorent souvent les droits et le fonctionnement).
Et chacun est trop anxieux de ses objectifs annuels, ou accaparé par la lutte pour le pouvoir, pour prendre le temps d’écouter les salariés dont il est chargé.
Tout le monde sait à présent que ce refus d’écoute a provoqué un affrontement entre la DRH et l’ensemble des représentants du personnel, sur le projet d’accord " 35 heures ", le 12 juillet dernier.
C’est normal : le personnel ne supporte pas que son avis et ses attentes soient à ce point ignorés.
Au pire, il le ressent comme du mépris, au mieux, il pense que la direction ne considère pas les salariés comme des adultes.
C’est exactement le genre de sentiment qui peut susciter de vives réactions, même chez des gens plutôt calmes comme les salariés de Cap Gemini.
Le projet " 35 heures " de la direction est tellement maladroit qu’on a du mal à en discerner l’objectif, si ce n’est une déclaration de guerre au personnel, auquel cas c’est réussi !
Mais les salariés n’ont peut-être jamais eu autant d’atouts qu’en ce moment, du fait de l’an 2000, et de la pénurie du marché qui durcit la concurrence entre employeurs.
Justement, la dernière mode managériale (voir Paroles d’experts ci-contre) consiste à porter un peu d’attention aux salariés : c’est bon pour le profit.
De plus, à Cap Gemini le savoir-faire réside dans les salariés eux-mêmes, contrairement à l’industrie où l’on remplace les gens par des programmes ou des robots.
Or, voilà que la DRH veut nous imposer ses vues, en nous prenant à rebrousse-poil.
Mais il y a autre chose : quelles que soient leurs fonctions, les salariés de Cap Gemini se reconnaissent dans une image collective à laquelle ils tiennent :
Personnel jeune (moins de 35 ans en moyenne), qualifié, capable d’initiatives et aimant son métier, sens du service et donc anti-routine. Ce profil suppose un minimum d’autonomie, en échange d’un investissement personnel important.
La DRH ne l’a pas compris et veut nous gérer comme des fonctionnaires. Il n’y a rien de plus opposé à notre image, ni de plus destructeur de notre identité.
Paroles d'experts :
Charles Handy, consultant, ancien professeur
à la London Business School
Michael Abrashoff, Commandant d’un navire
de guerre de l’US Navy
" Si les entreprises géraient leurs actifs aussi mal qu’elles s’occupent de leurs salariés, tout le monde serait ruiné. On traite parfois les salariés avec moins de précautions que les trombones ou les rames de papier. "
Ken Blanchard, patron du groupe Blanchard Training & Development Inc. (formation des managers)