AINSI VA LA VIE DU GROUPE
Plus de confort en déplacement
Commençons par la bonne nouvelle : l'année 2002 verra le régime des frais de déplacement s'améliorer nettement pour un certain nombre de salariés.
Les remboursements de séjour aux frais réels pour la France seront alignés sur la marge haute des taux actuels, donc plus proches des habitudes des ex-E&Y ou ex-Gemini Consulting que de celles des ex-Cap Gemini France.
Le chèque-déjeuner gardera la même valeur, convertie en euros.
Les Indemnités kilométriques (IK) se simplifieront : un prix unique au km (supérieur de 25 % à l'actuelle IK), et dégressif à partir de 5 000 km puis de 20 000 km parcourus dans l'année.
En revanche, la Direction refuse toujours dentendre une demande syndicale déjà ancienne : inclure tout ou partie du temps de trajet dans le temps de travail.
Résultat : alors que l'Europe devient une réalité, les salariés français de CGEY en mission dans un pays de l'Union seront particulièrement pénalisés : ils seront assez proches de leur domicile pour rentrer chaque semaine, mais devront rogner sur leurs week-ends pour fournir à leur client 39 ou 40 h de travail, en plus du transport !
Coup d'envoi du C.E. européen
Après une interminable gestation de trois ou quatre ans, le CE européen voit enfin le jour. Sa première réunion, prévue à la mi-octobre, servira surtout à poser les bases dorganisation du comité, et à fixer le calendrier de travail pour 2002.
Cette étape, même franchie très tardivement, constitue un progrès pour le dialogue social
Négociations à venir
Calendrier des réunions pour le quatrième trimestre 2001 :
L'employeur de choix et les salariés jetables : on dirait le titre d'une fable. Et comme dans celles de La Fontaine, les comportements sont presque caricaturaux, mais à CGEY la moralité, hélas, ne rétablit pas la justice.
Il y a quelque temps le groupe a ajouté un nouveau slogan publicitaire à sa panoplie de séduction Grand Public : l'Employeur de choix.
L'employeur de choix est le summum de tout ce qu'un jeune diplômé peut souhaiter. C'est la boîte dans laquelle ses talents seront reconnus et valorisés, où il sera constamment formé, suivi évalué et promu vers des tâches à responsabilité, bla bla, etc.
Dans les faits, être employeur de choix signifie plutôt que lentreprise se croit autorisée à expérimenter sur les salariés des choix stratégiques parfois aberrants.
Exemple : quand le marché cesse de progresser, voire s'il régresse comme en ce moment, on renforce l'embauche, et on rafle le plus possible de jeunes diplômés disponibles, quitte à les laisser quelques semaines ou quelques mois en intercontrat. Mais ça ne fait rien, on les a sous la main, au cas où En jargon CGEY, ça sappelle la "Pro-activité".
Seulement si la tendance du marché persiste à ne pas évoluer comme on le croyait, alors les nouveaux embauchés cessent de plaire, et on jette du lest sans aucun scrupule.
Toujours soucieux de ne pas enfreindre trop visiblement le Code du Travail, CGEY se retranche derrière l'utilisation légale de la période d'essai, qui autorise en effet lemployeur comme le salarié à rompre le contrat si lexpérience de travail nest pas concluante.
C'est donc une excuse perverse dinvoquer la loi, car il arrive que le salarié nait même pas de mission où faire ses preuves. Or la période d'essai sert à tester les capacités d'adaptation du salarié à son emploi, et non pas les options stratégiques plus ou moins hasardeuses de l'entreprise.
Dirigeants technocrates et inventeurs de stratégies d'entreprise, réveillez-vous ! L'abstraction de vos instruments de pilotage finit par vous droguer. Vous n'êtes plus dans la réalité.
La réalité, ce sont des gens que vous avez attirés avec des effets de plumes et de paillettes, et que vous avez jugés capables de travailler pour le Groupe.
Et c'est là, dès l'embauche, que le mensonge commence. Il faudrait prévenir franchement les nouveaux que malgré toutes leurs qualités personnelles et professionnelles, ils ne représentent qu'un point sur un graphique. Et si le point est trop éloigné de la droite idéale des prévisions il est vite éliminé du tableau.
Mais quel est le recruteur qui, ayant embauché une dizaine de jeunes diplômés en sachant qu'il ne peut pas les affecter, aura le courage de leur tenir le vrai discours, qui serait à peu près :
"Bienvenue à CGEY, chères variables d'ajustement !
"Vous êtes venus constituer notre réserve de compétences en nouvelles technos, pour le cas où nous aurions des missions à vous confier.
"Nous allons vous passer à la moulinette Welcome, ça fait toujours plaisir, c'est pas trop cher, et ça flatte l'esprit de corps et d'élitisme qu'on vous a insufflé dans vos écoles.
"Ensuite, vous risquez de rester sans affectation, et là, votre moral retombera de haut. Si ça dure trop longtemps, c'est qu'on s'était trompés dans nos prévisions. Alors, il vous faudra oublier les beaux discours, oublier les Valeurs du Groupe (n° 1 : l'honnêteté, n° 3 : la confiance), et très vite, rendre votre badge d'accès et vos tickets-restaurant. Comme tout cela se passera en six mois maximum (période d'essai "Cadres" + renouvellement), nous vous devrons une semaine de préavis. Et là, voyez comme nous sommes Grands Seigneurs, nous vous la paierons pour rester chez vous! "
Fort logiquement, CGEY devient donc l'ennemi juré de tous ces jeunes qui viennent de s'être fait avoir et de perdre leur temps. Ces jeunes qui sont les décideurs du marché de demain
Pour revenir à notre fable du début, on pourrait parfois la conclure par cette moralité :
Ne voulant pas être jetable,
Le candidat prit son cartable
Et puis, tirant sa révérence,
Il rejoignit la concurrence. q