La renaissance identitaire
Ce n’est pas qu’une question de logo : le Groupe CGE&Y est bien mort d’épuisement.
Né en mai 2000, il y a presque quatre ans, il a très vite été mal en point : trop gros, trop compliqué, trop cher, trop de tensions entre ses différentes populations, et surtout, la malchance d’une crise qui dure toujours.
Après 855 M€ de «restructuration» (licenciements et fermetures) entre 2001 et 2003, et deux années de pertes, le Groupe fait sa mue. Nom et organisation simplifiés, effectifs « allégés », objectif impératif pour la France : sortir du déficit en juin 2004.
Socialement, nous y sommes toujours, dans le déficit. La défiance, la déception, la démotivation, conduisent de plus en plus de salariés à la démission.
Le Docteur Dufourcq, chargé du malade en réanimation, a établi sa prescription : « retournement financier et re-naissance identitaire ». La méthode : injections massives de CBE (Collaborative Business Experience), pour établir une franche collaboration avec nos clients, et entre salariés et managers. On verra …
Pour l’instant, adieu sans regret au moribond, et bonne chance au nouveau-né.
Des ministres remaniés,
des managers enfin formés ?
Osons la comparaison : à la suite d’un audit commandé à l’extérieur, le Président de Cap Gemini a bien perçu la défiance des salariés envers les managers. Il a d’ailleurs son idée là-dessus : « Quand on n’a pas l’étoffe d’un vrai manager, on a une petite tendance à faire le contremaître». Les managers ne seront pas changés mais éduqués –vaste programme- lors d’un « chantier managérial » prévu cet été à l’université du Groupe. On verra …
L’Europe s’élargit, le Groupe aussi
Le mois prochain, Transiciel sera détenu à 100 % par Cap Gemini.
Comme les 10 pays de l’élargissement qui intègreront l’UE mais pas l’euroland, la quinzaine de sociétés de Transiciel rejoindra Cap Gemini, mais pas l’Unité Economique et Sociale (UES) des 9 filiales françaises.
Pour nous, rien ne presse : la structure de Transiciel, sa culture, ses pratiques sociales sont encore trop éloignées des nôtres pour une fusion totale et immédiate. On verra. q
Cela a trop duré,
maintenant il faut faire vite
Mars 2004 : la CFTC assigne le groupe Cap Gemini France devant le Tribunal de grande instance de Nanterre.
Dans la nécessité d’agir rapidement et sans report, la CFTC a demandé et obtenu l’autorisation d’assigner « à jour fixe ».
L’audience aura lieu le vendredi 14 mai 2004, de 13 heures 30 à 15 heures. Bien sûr, la séance est publique.
De quoi s’agit-il ?
Le dossier d’assignation soumis au Tribunal, comprend 50 pages d’argumentaire et de pièces jointes. En voici trois extraits :
· Le paragraphe Eléments préalables d’appréciation rappelle l’existence
... « au sein du Groupe Cap Gemini, d’un Accord sur les augmentations minimum garanties ».
Cet accord d’entreprise, signé en 1991, a été appliqué une seule fois … en 1991.
Depuis, sans oser dénoncer l’accord en raison de sa clause de révision, la Direction se dérobe chaque année à ses obligations conventionnelles.
· Le même paragraphe évoque ensuite
« La parodie de négociation ouvertement affichée et mise en œuvre depuis plus de 12 ans par le Groupe Cap Gemini, non seulement dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord sur les augmentations minimum garanties, mais également dans celui de la négociation annuelle obligatoire, notamment quant à sa composante sur les salaires »
Autrement dit, Cap Gemini préférait depuis longtemps risquer le Tribunal pour non-respect du Code du travail, plutôt que tenir les négociations obligatoires sur les salaires avec les organisations syndicales.
C’est curieux qu’un groupe aussi soucieux de son image supporte cette fissure dans sa façade ...
C’est surtout navrant de voir que la Direction est incapable d’imaginer une politique salariale juste, depuis que la croissance à deux chiffres a disparu.
Or la CFTC a des propositions. Nous les avons déjà formulées, mais en vain.
Pendant la parodie de négociation, la DRH jouait son rôle de figuration avec plus ou moins de bonheur, mais la consigne de la DG était visiblement : ne rien entendre, ne rien signer, ne pas bouger.
C’est la dernière chance
· Pourquoi une procédure accélérée ?
« Le syndicat [Sicsti-CFTC] n’a plus d’autre recours, afin de contraindre les sociétés du groupe Cap Gemini à respecter leurs propres obligations, que de saisir le tribunal et d’être autorisé à assigner à jour fixe l’ensemble des sociétés du groupe Cap Gemini compte tenu de l’urgence qu’il y a à contraindre ces sociétés à mettre enfin en œuvre le processus de négociation annuelle obligatoire, notamment quant à sa composante sur les salaires, et ce notamment dans l’intérêt collectif des salariés des sociétés du Groupe Cap Gemini »
Pendant l’action collective,
les actions individuelles continuent !
De nombreux collègues, grugés sur leur variable ou menacés de licenciement douteux, sont venus consulter les élus et délégués CFTC. Plusieurs d’entre eux ont obtenu réparation, après avoir agi sur nos conseils.
Alors en cas d’inquiétude, ne vous laissez surtout pas impressionner. Vous pouvez compter sur nous pour vous aider, la CFTC ne baisse pas les bras. q