Dans un quotidien : (LUC PEILLON ) samedi 5 avril 2008
Sa dernière participation à une grève remonte à l’an 2000. C’était pour les 35 heures. Depuis, Didier, 46 ans, ingénieur informaticien à Capgemini à Toulouse, n’avait plus fréquenté d’assemblées générales de syndicats.
«Mais, là, ça devient compliqué. Depuis plusieurs années, l’augmentation des salaires est à peine de 1 %. Au fil des ans, avec l’inflation, j’ai vraiment perdu du pouvoir d’achat.»
Ce qui a décidé Didier à débrayer une demi-journée mardi dernier, ce sont aussi les bons vœux du PDG, en début d’année, «expliquant que les résultats de l’entreprise étaient excellents».
Didier n’est pas à plaindre, il gagne près de 2 700 euros net par mois. Et, pourtant, il fait partie de cette classe moyenne supérieure qui, peu à peu, a vu son pouvoir d’achat grignoté.
«Avant, nous partions deux à trois fois par an en vacances, sans regarder à la dépense. Désormais, c’est une fois seulement, l’été, pas plus de quinze jours, et en essayant de profiter des offres du comité d’entreprise.»
Deux voitures, une maison, deux grands enfants «qui coûtent cher», le budget familial, même avec le salaire de sa femme, est devenu ric-rac.
«Quand la situation pour l’entreprise est difficile, je comprends qu’il faille en rabattre sur les augmentations. Mais quand les résultats sont bons, nous devons pouvoir en profiter.»
Aux prétentions salariales, la direction répond désormais que la situation économique se dégrade.
«Depuis vingt-cinq ans que je suis à Capgemini, ce n’est jamais le bon moment d’être augmenté», rappelle Didier. Mardi prochain, salariés et syndicats doivent décider de la suite à donner au mouvement.