Avril 1998

Bon rapport financier mais timides relations sociales
La signature d'un accord d'entreprise : les UTE

 

 

AVRIL 1998 BON RAPPORT (FINANCIER), MAIS TIMIDES RELATIONS (SOCIALES)

En vue de l'assemblée générale des actionnaires, fixée au 16 avril prochain, le directoire de Cap Gemini a publié ses comptes sociaux et financiers de 1997, approuvés par le conseil de surveillance.

  • Chiffres significatifs

Résultat net : 762 MF. Dividende distribué : 214 MF pour 61,2 millions d'actions, soit 3,50 F par action. Effectif moyen 1997 : 28 059 personnes. Effectif présent au 31/12 : 31 094 personnes dont 80 % de consultants et d'ingénieurs. Effectif France seule : 8 350 personnes.

  • Fait marquant

La fusion-absorption de Gemini Consulting par Cap Gemini prendra effet dès son approbation par les actionnaires. Montant de l'opération : 2,43 milliards de francs.

  • Le mot du conseil de surveillance

"Le Conseil de surveillance tient à féliciter le Directoire et l'ensemble des collaborateurs du Groupe pour le travail réalisé et les résultats obtenus au cours de l'année écoulée."

Ses six membres perçoivent en jetons de présence un montant annuel total de 750 000 F (inchangé depuis 96). Ils ont émis "le vœu unanime de porter de 1 à 100 le nombre d'actions de la Société dont chaque membre du conseil de surveillance doit être propriétaire".

les négociations en cours

  • Thèmes et calendrier

Le 31 mars dernier, les syndicats et la direction du groupe ont fixé leur plan de travail pour le deuxième trimestre :

  • 8 avril : Travaux exceptionnels (voir au verso)
  • 22 avril : Régime de prévoyance
  • 13 mai : Prévoyance (suite),

Revalorisations : frais de déplacement

et chèques-déjeuner.

  • 17 juin : Les 35 heures : première approche.
  • L'accord Information

Fin 1997, la CFTC demandait la modernisation de cet accord signé en 1978, qui régit la communication entre les salariés et leurs représentants, C.E. et syndicats.

Début avril, voici la réponse de la direction : l'Intranet de la SBA67, développé en 1996, est actuellement saturé. D'ailleurs, il est consacré en priorité au "business". Mais le groupe a décidé d'étudier cette année un outil adapté aux échanges concernant la vie des salariés, la communication syndicale et l'information.

Alors en attendant que le cordonnier soit bien chaussé, restons officiellement au régime papier-photocopie-délais-postaux, et pour le reste, soyons inventifs !

35 heures : le début du débat

  • Résumé des épisodes précédents :

Partagée entre un vice-Président proche du gouvernement et un président du conseil de surveillance qui mobilisait le CNPF contre les 35 heures, Cap Gemini a hésité avant de trouver ses marques.

Les managers ont d'abord relayé consciencieusement la parole patronale anti-35 heures. Mais depuis peu, ils se mettent à sonder les représentants des salariés et les délégués syndicaux.

  • "Puisqu'il faut y passer ..."

En attendant le mois de juin 1998 pour aborder la question, Cap Gemini reste selon son habitude, en retrait de l'innovation sociale. Rappelons que la CFTC avait demandé la mise à l'étude de ce thème en décembre 1997.

  • Nos objectifs dans la négociation

Les 35 heures touchent deux domaines sensibles, sur lesquels la pression patronale est déjà forte : les salaires d'une part, le forcing sur la flexibilité d'autre part, notamment par les CDD. Mais surtout, il s'agit de défendre les conventions collectives face à l'offensive du CNPF : les 35 heures contre les conventions.

Pour la CFTC, la marche à suivre est claire : on ne réussira la nouvelle organisation du travail qu'en s'appuyant sur les besoins des salariés.



Section CFTC de CAP GEMINI
Tour Gamma A, 193, rue de Bercy

75012 PARIS

Tél et répondeur: 01 43 42 27 81

Fax : 01 43 42 27 45
E-Mail : GMICHOUD@capgemini.fr


 

LE THEME DU MOIS : UN PHENOMENE DEVENU TROP RARE


LES FAITS, EN BREF :

Ce 8 avril, les délégués syndicaux CFTC ont retrouvé un geste tombé dans l'oubli à Cap Gemini :

la signature d'un accord d'entreprise !

Attention, il ne s'agit pas d'une innovation spectaculaire, ni même de l'application de la loi Aubry sur les 35 heures, non : l'accord signé, dit "accord sur les UTE (Unités de travaux exceptionnels)", vise seulement à identifier et rémunérer les excédents de travail ... il était temps !

N'oublions pas que c'est la vocation des partenaires sociaux de négocier des accords pour améliorer les conditions de travail dans les branches et les entreprises.

En 1996, 9 274 accords collectifs ont été signés en France.

Concernant 3,1 millions de salariés dans 4 867 entreprises, ils portaient sur les salaires, les systèmes d'épargne, l'emploi, et surtout le temps de travail.

En 1997, les accord sur le temps de travail étaient encore plus nombreux.

Pendant ce temps, Cap Gemini signait ... un accord sur la représentation du personnel, rendu nécessaire par la création de Cap Gemini France.

Depuis le dernier accord social à Cap Gemini (accord Salaires, janvier 91), l'encre s'était figée dans les stylos : le 8 avril, tout le monde approuvait le texte sur les UTE, mais la CFTC a été la seule à le ratifier immédiatement.

Les autres syndicats semblaient attendre de mystérieuses autorisations...On ne peut pourtant pas parler de surprise : l'accord final est la version 5 d'un texte dont la première rédaction a été présentée en octobre 96 !

Il est convenu avec la Direction que le texte de l'accord sera diffusé à tous les salariés.

Si vous le souhaitez, vos Délégués syndicaux CFTC le tiennent à votre disposition. Vous en aurez donc bientôt connaissance. Voici, en attendant, notre évaluation de ce texte.

LA POSITION DE LA C.F.T.C. :

L'accord "sur les UTE (Unités de travaux exceptionnels)" n'est pas une solution idéale, mais seulement un compromis acceptable.

Principe : la Direction reconnaît -et rémunère- explicitement "les pointes d'activité dues aux contraintes engendrées par la tenue de délais, et aux aléas technologiques."

Définition : "Une UTE représente 4 heures d'affilée, effectuées en-dehors des heures normalement travaillées les jours ouvrés, réalisées à la demande de la Direction, en plus du travail normal."

Avantages de l'accord :

  • C'est une reconnaissance officielle des dépassements d'horaires souvent "masqués", parfois par les salariés eux-mêmes.
  • A la demande de la CFTC, les administratifs (AMS) sont concernés au même titre que les techniciens (PRS) même si à notre avis, le mot "exceptionnels" convient mal aux travaux qui déclenchent les pointes d'activité des AMS comme la facturation ou les clôtures.

Inconvénients :

  • Il ne s'applique pas aux salariés de Cap Gemini ISM et Exploitation, qui pratiquent des conditions particulières de travail (astreintes, service continu).

Il est donc urgent de négocier un accord adapté à ces deux divisions.

  • Il ne prend pas en compte les heures supplémentaires "non exceptionnelles", régies par la loi quand elles sont reconnues.

A vous maintenant de faire vivre cet accord !

Démasquez votre temps de travail réel, ou perdez l'habitude des heures supplémentaires "de confort". C'est le premier pas vers les 35 heures, nous ne pouvons pas le louper !

PAROLES D'EXPERTS :

Un accord sur les dépassements horaires, au moment de la loi sur les 35 heures, ça peut paraître timoré, mais ... :

" Le voyage de mille lieues commence par un pas "

Lao-Tseu

" Dans les sociétés modernes, plus on est important, plus on travaille. L'emploi du temps de nos Premiers ministres est hallucinant."

Dominique Schnapper, Contre la fin du travail

" Notre revendication à la paresse n'est qu'un aspect de cet hommage au travail efficace, nourricier, rationnellement réparti et organisé, qui peut procurer à l'ensemble des loisirs accrus."

Paul Lafargue (1842-1911)

" Tout travail tend à se dilater pour remplir le temps qui lui est imparti."

Cyril N. Parkinson, historien britannique

" Ce ne sont pas les heures qui sont précieuses, ce sont les minutes."

George Bernard Shaw