Mai 1998

L'INEVITABLE COMMEMORATION

 

 

MAI 1998 L'INEVITABLE COMMEMORATION

  • Des barricades aux négociations

A moins de rentrer d'un congé sabbatique dans l'Himalaya, vous le savez : il y a trente ans (ou peut être trente ans et un mois au moment où vous lisez ces lignes), la France était à la fois agitée et paralysée par les événements de mai 68.

Or, en cet actuel mois de mai 98, les médias évoquent surtout le folklore des pavés qui volent, de la poésie murale, et des nuits fiévreuses à la Sorbonne.

Mais il ne faut pas oublier, dans une optique plus syndicale, de souligner les réelles avancées sociales acquises à l'époque lors du week-end marathon des 25 et 26 mai, et concrétisées par les “accords de Grenelle” du lundi 27 mai.

  • Les négociations de Grenelle

Cette mémorable séance s'est en effet déroulée au 127 rue de Grenelle à Paris, dans l'hôtel du XVIIIè siècle qui abrite encore aujourd'hui le ministère de l'Emploi.

Il en reste encore une trace bien concrète, puisque la pièce où siégeaient les partenaires sociaux (gouvernement, syndicats et CNPF) porte le nom de “salle des accords” depuis le 27 mai 1968.

  • Le contexte de l'époque
  • L'Europe (des Six), ou Marché Commun, était en pleine formation : l'union douanière allait entrer en vigueur, ainsi que le droit des travailleurs à circuler librement dans la communauté.
  • Le SMIC n'existait pas encore. Le minimum était le SMIG, Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, basé et indexé sur l'indice des prix à la consommation.

En janvier 68, son taux horaire était de 2,22 francs, mais il ne s'appliquait pas partout en France, ni dans tous les secteurs d'activité.

  • Entre mai et juin 68, l'INSEE a dénombré plus de 7 millions de grévistes, sur un total de 14,8 millions de salariés en France. A ce nombre s'ajoutaient les personnes empêchées de travailler par l'arrêt des transports, ou les occupations d'usines et de bureaux.
    • Le contenu des accords

D'abord rejetés par les ouvriers de Renault et de Citroën qui voulaient poursuivre la grève, les accords de Grenelle représentaient un progrès considérable, que l'on n'a plus atteint depuis.

Monsieur Seillière, qui n'était pas encore dans le monde des affaires, ni au CNPF, pourrait y réfléchir utilement :

  • Relèvement du SMIG de 35 %, ce qui le portait de 2,22F à 3 F
  • Généralisation du SMIG à toute la France
  • Hausse des salaires de 10 % en 7 mois
  • Extension des droits syndicaux
  • Reconnaissance de la section syndicale d'entreprise
  • Accords de réduction du travail (tiens, déjà ?) pour revenir progressivement aux 40 heures
  • Travaux sur le droit à la formation continue, sanctionnés par l'accord de juillet 70 instaurant la formation professionnelle rémunérée.
    • Et pendant ce temps ...

En pleine paralysie générale, un nouveau patron nommé Serge Kampf réussit à maintenir en vie sa toute jeune société Sogeti (8 mois et 18 salariés). Comment ?

En demandant à ses clients, qui acceptent, de payer les prestations que les grèves ont empêché de fournir ! !