Novembre 1998

La CFTC de Capgemini organise un forum sur les 35 heures

 

 

Actualités : SOIREE-DEBAT CFTC - 35 Heures : LES COULISSES

Une initiative inédite

La soirée-débat que nous avons organisée à Puteaux le 4 novembre dernier constitue une première à Cap Gemini : c'est la première fois qu'une section syndicale du groupe organisait un débat entre des personnalités extérieures pour éclairer un phénomène social.

Des loupés bien ciblés

La plupart d'entre vous se rappellent peut-être avoir reçu notre invitation à cette soirée à la Bourse du travail de Puteaux :

  • ceux des divisions " Régions " qui avaient peu de chances de se trouver en nombre à Paris le 4 novembre, ceux d'Exploitation dont le siège, à la Nation, est l'implantation parisienne la plus éloignée de Puteaux, enfin, ceux d'Ile-de-France, installés à la Défense toute proche.

    En revanche les DAF de Télécom et d'ISM, les divisions basées à Puteaux, se sont crus dispensés de diffuser notre annonce, comme pourtant l'accord Information du groupe les y oblige. Nous avons donc dû recourir précipitamment aux bonnes vieilles méthodes du folklore syndical : la distribution de tracts à la cantine. Tout s'est bien passé à ISM, mais pas à Télécom : la cantine est partagée par plusieurs entreprises nous a-t-on dit, donc pas question de distribution de tracts dans un espace accessible à des personnes externes.

    Les tracts du DAF

    Et c'est là que ça devient amusant : la Direction, prenant enfin conscience du préjudice qu'elle nous avait causé, s'est offerte à le réparer en photocopiant et en distribuant elle-même notre papier dans les bureaux, l'après-midi du 4 novembre ! Evidemment, un envoi syndical ainsi acheminé par " porteur spécial " doit faire un drôle d'effet ... peut-être certains se sont-ils demandé s'il s'agissait d'un gag. Mais s'il y a eu des oubliés dans la distribution, n'hésitez pas, faites-le savoir et protestez !

    Merci de votre présence

    Heureusement, ces contretemps n'ont pas empêché la soirée de se dérouler devant un auditoire très varié :

    Il y avait des collègues de projet, d'autres personnes de Cap qui, sans nous connaître, voulaient rencontrer les intervenants, des confrères travaillant dans des SSII concurrentes, ainsi que certaines personnalités syndicales qui suivent de près les progrès de la loi Aubry dans les entreprises.

    A tous, merci d'être venus, et d'avoir aussi contribué par votre présence à un " après-débat " riche et animé, un verre à la main, jusqu'à près de 23 heures.

    ... et de vos questions

    Naturellement, nous adressons un mail de réponse à ceux qui nous ont transmis leurs questions par Cap Mail, heureusement que vous êtes patients. Voici déjà, avec une réponse brève, les questions les plus significatives et les plus fréquentes :

    Q. : Les 35 heures, c'est pour quand ?

    R. : Cap Gemini, comme toute entreprise française de plus de 20 personnes, devra appliquer les 35h hebdomadaires à partir du 1er janvier 2000.

    Q. : Quelle est la position de Cap Gemini ?

    R. : Il n'y a toujours pas de position officielle de Cap Gemini sur les 35 h, sinon une hostilité de principe. Voyez l'avis du Syntec et du Medef...

    Q. : Et si les négociations à Cap Gemini échouaient ?

    R. : Chaque division devrait consulter son CE avant le 31/12/99 sur ce changement des conditions de travail, puis tenir -ou non- compte de cet avis.

    Au vu du turn-over qui déjà inquiète la Direction, on peut supposer qu'il n'y aurait pas de baisse de salaire.

 


Section CFTC de CAP GEMINI
Tour Gamma A, 193, rue de Bercy

75012 PARIS

Tél et répondeur: 01 43 42 27 81

Fax : 01 43 42 27 45
E-Mail : GMICHOUD@capgemini.fr

Le thème du mois : LES DEPASSEMENTS DU TEMPS DE TRAVAIL

  • COMPTE-RENDU DU DEBAT SUR LES 35 H

M. Robert EPLE (CFTC)

En France, le processus de réduction du temps de travail (RTT) est engagé depuis le siècle dernier :

  • en 1848, le temps de travail est fixé à 12h par jour ;

  • en 1906 apparaît le repos hebdomadaire obligatoire ;

  • en 1919, la journée de travail passe à 8 heures ;

  • en 1936 : 40 h de travail hebdomadaire, première semaine de congés payés ;

  • en 1982 : 39 h de travail hebdomadaire, 5è semaine de C.P.

Pour l'instant, la loi Aubry est comme le pont d'Avignon : inachevée. Elle sera complétée et précisée en fin 1999 par la " 2ème loi ", plus contraignante à l'égard des entreprises que la loi d'incitation et d'orientation du 14 juin 1998.

C'est le bâton qui suivra la carotte. Cette loi devra en effet réglementer les heures supplémentaires, le travail à temps partiel, et les cas de dépassement du temps de travail pour les cadres.

Selon les termes actuels de la loi Aubry, les employeurs réduiront le temps de travail de 10 %, et devront justifier de 6% de création d'emplois supplémentaires. Par conséquent, le temps total travaillé va diminuer.

Pour la CFTC, il devient alors impératif d'aller plus loin que les 6 % d'embauches : il s'agit de repenser complètement l'organisation du travail en entreprise. C'est le seul moyen de favoriser l'emploi. On peut y parvenir par la " modulation " du temps de travail.

Attention à ce mot : le patronat préfère parler d'" annualisation ", et l'on voit que c'est lui qui entend fixer les périodes d'activité haute et basse en fonction de ses seuls objectifs économiques.

Pour la CFTC, la modulation, si elle est encadrée par les Comités d'entreprise, prendra mieux en compte les aspects humains et les nécessités de la vie quotidienne des salariés.

 

M. Pierre LARROUTUROU

Monsieur Larrouturou, appelé au dernier moment à un autre débat avec Madame Aubry, s'est fait excuser et représenter par Monsieur Franc, également membre du mouvement 4 jours - Nouvel Equilibre (N.E.).

Dans les sociétés occidentales, N.E. distingue plusieurs catégories de personnes vis-à-vis du temps de travail :

  • le salarié, qui recherche la qualité de la vie, et le pouvoir d'achat ;

  • le consommateur, qui demande flexibilité et souplesse horaire aux commerçants et prestataires de service

  • les entreprises, qui veulent réduire les coûts de production, notamment par la flexibilité de l'emploi ;

  • les chômeurs, qui veulent des emplois !

  • l'Etat, qui souhaite limiter les déficits budgétaires, et créer de l'emploi pour réduire le chômage ;

  • les syndicats comme la CFTC, qui s'est donné pour but " la vie à défendre ".

     

Toutes ces approches sont difficiles à concilier. Un discours libéral affirme que " seule la croissance peut créer des emplois ". C'est vrai, mais la croissance augmente aussi précarité et pauvreté.

En France, le PIB a progressé de 50 % hors inflation entre 1974 et 1994. Or, en même temps, le total d'heures travaillées passait de 37,9 à 34 milliards, soit une réduction de 10 %.

Parallèlement, la population active augmentait de 10 % (22,3 à 24,5 millions). On peut donc travailler moins et produire plus. Mais il faut s'organiser en conséquence, car quand notre niveau de vie augmentait de 50 %, le chômage, lui, décuplait !

Pour que la RTT génère un appel d'air (un appel d'heures), elle doit être assez significative, et doit permettre une baisse massive des charges.

La semaine de 4 jours, moyennant une perte de salaire de 3 %, peut créer jusqu'à 2 millions d'emplois et offrir à chacun une nouvelle qualité de vie. Elle est pratiquée par 600 entreprises en France.

 

 

M. Laurent DEGROOTE (CJD)

Le centre des jeunes dirigeants (CJD) rassemble 2 300 dirigeants français, dont la plupart sont responsables de PME. M . Degroote est P-DG de la Codiac, qui emploie 70 personnes à Tourcoing.

 

“Nous assistons actuellement à la fin d'un système économique, qui a abouti à la " fracture sociale " et à la rigidité croissante des entreprises face au travail.

Dans le même temps, les salariés se sentent fragilisés, précarisés, et n'ont plus confiance dans la sécurité que leur entreprise pourrait leur offrir.

Face à cette situation, l'objectif du CJD est donc de rendre de la souplesse au travail en entreprise, sans générer un surcroît de contraintes pour les salariés.

 

C'est un travail de réorganisation sociale, qui doit viser à concilier le projet de vie personnelle des salariés et le projet d'entreprise de la société qui les emploie.

Dans cette optique, l'annualisation est un moyen possible pour réduire le temps de travail, à condition d'y faire entrer tous les aspects de la vie professionnelle.

Par exemple, le temps consacré à la formation peut s'inscrire dans le cadre du projet personnel d'un salarié, et trouver sa place aux périodes d'activité faible dans l'entreprise.

 

Le principal intérêt de la loi Aubry, c'est de relancer le dialogue social, en obligeant les partenaires à négocier.

 

Pour le CJD, le dialogue social passe aussi par une individualisation des relations entre le salarié et son employeur. L'une de mes convictions, que je concrétise dans ma propre entreprise, c'est que l'on ne vit pas pour travailler, mais on travaille pour vivre.”

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