Juin 2005

Apartheid social - le retour à l'usine

 

AINSI VA LA VIE DU GROUPE
 

Il y a ce qui se signe ... et ce qui se réalise

Nous sommes tous habitués au célèbre ratio R/B (Réalisé/Budgeté), qui est le premier chiffre annoncé à tous les C.E. du Groupe. Puisque c’est un taux de réalisation d’objectifs, sa valeur ne devrait jamais être inférieure à 1. Bien entendu, les objectifs – le Budgeté - sont toujours « élevés mais atteignables » ...

Il en va tout autrement en matière de dialogue social : les objectifs fixés par la Direction ne sont pas ambitieux, mais tout juste raisonnables. Or après des négociations en série, en parallèle, en hâte aussi, la réalisation reste très décevante.

Voici l’état actuel de réalisation d’accords récemment signés à Capgemini, et en principe applicables à l’UES entière (UES : unité économique et sociale rassemblant les sociétés Capgemini et Sogeti-Transiciel, ces dernières formant le Pôle LPS) :

Les accords signés...

... et leurs effets visibles

Constitution d’une UES unique

Gestion séparée et divergente de Cap et de LPS

Harmonisation des conditions d’emploi

Inappliqué à LPS : les managers sont réticents !

Augmentation salariale de juillet *

Brimade pure et simple de certains salariés de LPS

* Un accord sur l’augmentation des salaires, ça ne se refuse pas, direz-vous ? Allez voir sur http://cftc.capgemini.free.fr pourquoi nous ne l’avons pas signé.

 

Alerte à l’apartheid !

Les 8.000 salariés du pôle LPS ne sont pas traités comme les 11.000 de Capgemini France… Pourquoi ? Mystère. Il n’y a évidemment pas de réponse acceptable. Depuis l’acquisition de Transiciel par Capgemini, les dirigeants de LPS font tout pour ne pas appliquer les accords d’harmonisation signés en février 2005 par la CFTC et deux autres organisations syndicales.

Moins de subventions sociales, pas de CFP, les Tickets-Restaurant moins subventionnés, pas de rattrapage des salaires, moindre compensation de la perte de pouvoir d’achat, accord 35 heures inappliqué, voilà le régime auquel sont soumis les salariés du pôle LPS.

C’est la première fois que la Direction du groupe crée une telle « fracture », sans explication ni justification juridique. Pour la CFTC, c’est inadmissible dans l’immédiat, et dangereux pour l’avenir. Quels seront les prochains exclus ? et à quel titre ?

Le thème du mois : Retour à l’usine

 

C’est peut-être inévitable

La tendance a commencé avec les plate-formes d’OS, puis avec le centre de Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, c’est une option stratégique affichée : nos prestations s’industrialisent. Pour ne parler que de la France, nous avons vu la mise en place des centres d’AM et de production de province, entre autres à Nantes et à Toulouse. A présent, le Centre de Services Partagés (CSP) regroupe à St-Priest les fonctions de support de tout Capgemini France (sauf Télécom) dans une usine administrative, en supprimant 120 emplois au passage.

A l’étranger, le schéma est identique : usines de gestion à Malmö, à Cracovie, de production à Madrid mais aussi en Inde et en Chine (Bombay, Bangalore, Canton).

Ce retour au travail en usine marque un changement de notre métier, à l’échelle mondiale. C’est peut-être pour Capgemini une réponse efficace au durcissement des marchés. L’avenir nous le dira. En attendant, pour nous les salariés, il se traduit par moins d’autonomie et de variété dans notre travail –mais aussi moins de déplacements-, plus de routine –mais aussi plus de sécurité par des solutions techniques bien rôdées.

...alors à nous d’en tirer profit !

Mais puisque nos dirigeants ont décidé de nous remettre à l’usine, nous devons saisir l’occasion de retrouver les réflexes de défense collective adaptés à ce contexte.

Nous les informaticiens, avons longtemps donné l’image de salariés indépendants, choyés parce que recherchés, et surtout individualistes et méfiants vis-à-vis de toute forme de militantisme, comme le syndicalisme par exemple. Et puis, la vie était facile et les salaires corrects ...

Ce caractère « franc-tireur » s’est encore accentué avec l’intégration des métiers du Conseil en 2000.

Mais depuis, la bulle Internet a éclaté, et dans le Conseil, les collègues venus de Ernst & Young et de Gemini Consulting ont subi eux aussi un licenciement collectif.

Plus généralement dans ces dernières années, notre métier s’est désacralisé, et toutes les lois du travail inspirées par le Medef mettent en danger nos emplois, après avoir anéanti nos espoirs de retraite.

A Capgemini, c’est le moment

Il est donc grand temps de ré-équilibrer les rapports entre salariés et employeurs, et d’abord de mettre un terme à la confusion générale qui règne à Capgemini France.

Cela ne pourra se faire qu’en redonnant du poids à l’expression collective des salariés. Et dans le monde du travail, l’unique moyen d’y parvenir, c’est l’action syndicale.

Que ce soit dans les entreprises (où seuls les délégués syndicaux peuvent négocier et signer des accords), ou dans la branche professionnelle, les syndicats représentatifs détiennent toujours le monopole du dialogue social.

En septembre prochain aura lieu le premier tour des élections DP et CE des sociétés du groupe Capgemini en France. Selon le découpage –plutôt l’émiettage- décidé par la Direction du travail sur appel de la DRH, il y aura 652 sièges à pourvoir (226 en CE et 426 DP). Inutile de préciser que les syndicats recrutent pour leurs listes !

Cette année à Capgemini, tout est à construire. Alors ne manquez pas le départ, et soyez lucides : venez rejoindre la CFTC !      q